Cathy, Professeure de Yoga intégral

Journal d’une nomade #3 Mon premier écolieu

Tout quitter.

S’extraire de cette société en perte de sens.

Aller à la rencontre d’hommes et de femmes qui créent un quotidien différent, où le Vivant, la nature et les êtres, sont au cœur de leur priorité.

Sur mon chemin de nomade, mes pas m’ont guidé vers un écolieu qui expérimente depuis peu ces valeurs fondamentales, l’Oasis du Mazet dans le Lot-et-Garonne, qui a ouvert ses portes en juillet 2022.

Le Mazet, un soir d’avril

Quatre amis qui traversent les générations se sont réunis autour d’un rêve commun, où la joie, la danse et le chant viennent célébrer leur quotidien.

Dans cette quête, ils souhaitent emmener de nouveaux habitants animés par ces mêmes valeurs, voir courir des enfants, jouer à chat, s’arrêter ici et là pour cueillir un fruit doré par le soleil de la région. Redonner ses airs d’Eden à ce magnifique espace de 17 hectares où des habitats légers viendront fleurir ça et là. Sur le lieu, des bâtissent de pierre peuvent accueillir quelques familles et un espace de pratiques où les habitants des communes aux alentours pourront chanter dans une chorale, célébrer un moment de fête, faire du yoga… et encore bien d’autres projets qui murissent dans la tête de ces 4 aventuriers du cœur.

Je suis venue ici pour ouvrir mes portes intérieures vers plus de liberté et me montrer qu’il y a quelque chose de plus beau et de plus doux que ce que l’on nous propose.

Avec ma fille et mon chat, nous avons offert de notre temps et de notre énergie lors d’un chantier participatif où en toute bienveillance chacun trouve sa place et œuvre pour le bien commun. Unir ses forces, quelle qu’elles soient, pour permettre de faire grandir ce projet de vie.

Dans une société de plus en plus individualiste, retrouver la notion d’unité est devenu un trésor. Faire grandir la flamme de la reliance attisée par un souffle de joie, d’entraide et de partages donne du sens à la vie.

Trois jours à redevenir des enfants insouciants, à prendre soin du lieu et des êtres qui sont là sur ce même chemin à ce même instant, remplit de bonheur chacune de mes cellules. Découvrir cette autre réalité me redonne de l’espoir en l’être humain, si grand, si simple à la fois, car c’est bien dans la simplicité que nous reconnectons avec notre grandeur intérieure.

Dans la grange du Mazet, lors du chantier participatif

J’ai eu le privilège de rencontrer 13 êtres humains d’âges et d’horizons si différents et pourtant animés par les mêmes envies que moi. Dans une immense authenticité, nous avons ouvert nos cœurs, partagés nos doutes et nos espoirs, montré nos véritables couleurs mais surtout notre vraie beauté humaine.

L’expérience, les fondateurs et le lieu sont si beaux que Sarina et moi restons après les 3 jours de chantiers participatifs. Je désire en savoir plus, comprendre ce qui anime ces 4 piliers du projet et continuer d’apporter ma pierre à ce magnifique édifice. Notre « statut » change, nous sommes des woofeuses. Voilà un terme que j’ai souvent entendu sans jamais bien en comprendre la signification.

Nettoyage de la cuisine d’extérieur

Le woofing est un mouvement qui nait dans les années 70 en Angleterre et qui rapidement s’est étendu au monde entier. Il permet à des fermes bio d’accueillir des citadins en demande de campagne pour leur transmettre leur savoir en échange du gîte et du couvert, dans un cadre bienveillant et chaleureux. Ce mouvement s’est ouvert au-delà des fermes, le critère étant l’accueil en échange de la transmission, du partage des connaissances, sans aucune considération financière.

Toutes premières woofeuses du Mazet, nous expérimentons un autre schéma de vie, plus intimiste et encore plus profond.

Depuis le début de notre arrivée les journées commencent à 10h. Nous faisons un point d’accordage où chacun s’exprime sur sa météo intérieure.

Comment je me sens en cet instant ? Ai-je de l’énergie ? Suis-je fatiguée ou inquiète ?

Ce court moment de partage donne le ton de la journée. Peut-être vais-je pouvoir soulever des montagnes ou bien rester au chaud devant la cheminée car mon corps en ressent le besoin. Le respect de soi est le maître mot ici. S’écouter et se chérir, voilà ce que cette fine équipe propose et souhaite transmettre à chaque habitant et futur habitant du Mazet.

Le point d’accordage donne aussi l’occasion de commencer la journée par une pratique d’union et de cohésion en chantant et en dansant dans une ronde enfantine et pourtant profonde. Nous décidons de l’activité que nous souhaitons faire car il y a mille choses à mettre en place dans ce bébé lieu.

Ainsi je me passionne pour la rénovation des escaliers en bois du Pigeonnier, jolie maisonnette de pierres qui accueillera un jour une petite famille je l’espère. Voir ce bois noircit par le temps et le manque de soin renaître sous mes mains, épaulée par les connaissances de Sacha me galvanise. Je ponce et travaille le bois avec passion et joie. J’aime ces nouvelles connaissances que j’acquière avec patience et décontraction.

J’apprends également à greffer des arbres fruitiers. Participer à l’abondance de ce futur verger, entourée de verdure dont les quasi seules nuisances sonores sont le chant des oiseaux, me fait l’effet d’une méditation les yeux ouverts. Un jour des fruits seront dégustés grâce à ce moment que j’ai vécu et je pourrai moi-même créer mon propre verger.

Je me sens tellement chanceuse.

Le soir, nous faisons la cuisine à tour de rôle, en profitant pour « inviter » les autres hôtes de la maison. Sur ce chemin je me surprends à prendre plaisir à sortir de mes habitudes culinaires sous les conseils et la douceur de Solène dont la cuisine est le métier. Sarina se fait pâtissière et régale la « famille » que nous semblons représenter. Marie Christine se pose au piano, Michelle la suit en chantant et chacun se joint à cette symphonie, naturellement. Je sens mon corps vibrer de tant d’harmonie. Je vois ma fille si secrète habituellement s’ouvrir et révéler sa singularité, reprenant confiance en elle dans ce lieu si respectueux de chacun.

Sarina et moi, l’équipe repas du jour

Lors de ce séjour nous célébrons la fête du Printemps dans une gaieté d’enfant. A cette occasion Sarina et moi découpons des formes dans des tissus afin que chacun puisse faire ses vœux pour cette nouvelle saison. Au milieu d’une prairie, un ginko biloba se voit fleurir de nos souhaits, virevoltants par le vent. Des étoiles, des fleurs et d’autres formes plus abstraites flottent, portant nos messages d’espoir. On peut y lire, « Amitié ici », « Amour au Mazet » et d’autres promesses que la terre de ce lieu va sûrement faire murir.

Cette célébration se termine autour d’un joyeux feu extérieur, où les visages rougissent et les pieds chauffent dans la fraicheur d’une nature qui se réveille à peine d’un hiver, éclairés par la lune pleine.

Nous partageons simplement le bonheur d’être là, tous ensemble, dans le silence du feu.

Pendant ces 3 semaines le temps s’est étiré. Chaque minute s’est teintée d’une couleur plus douce. L’instant est présent. La vie se déroule avec insouciance et nous vivons comme une parenthèse de rêverie éveillée où tout prend plus de sens.

Notre aventure doit s’achever ici, car nous avons d’autres lieux à voir, d’autres visages et d’autres connaissances à acquérir, mais je sais que nous reviendrons, bientôt.

Merci du fond du coeur aux habitants et fondateurs du Mazet qui m’ont donné l’occasion de me révéler un peu plus et qui contribuent au tournant de notre société vers un meilleur monde.

Sacha, Michelle, Solène, Marie-Christine, Sarina et moi

A très bientôt pour la suite de l’aventure !

Cathy

Si vous souhaitez suivre mon aventure nomade, rejoignez ma chaine Youtube : Les Pionniers du Nouveau Monde. La petite cloche et le pouce bleu pour mettre les algorithmes dans notre poche et c’est parti pour la découverte !

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